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Michelle CD, le 07/09/2024
Cet article m’interpelle dans le sens où il fait l’impasse sur 3 faits essentiels : la précipitation avec laquelle le diagnostic de « dysphonie de genre » a été fait dans beaucoup de pays d’Europe, sans tenir compte des autres problématiques de recherche identitaires des adolescents. Une précipitation reconnue qui a causé la fermeture de la clinique Tavistok à Londres, par exemple. Et que le rapport CASS a confirmé.
Ensuite, si on ne peut vraiment parler de « phénomène de mode », il est évident qu’une intense propagande d’activistes sur les réseaux sociaux a contribué à faire croire à de nombreux adolescents que la cause de leur mal-être - causes souvent multiples - était une dysphonie de genre. (Tir Tok et autres)
Et troisièmement, de nombreux adolescents et surtout adolescentEs, honteux de se présenter comme homosexuel(le)s à leur famille, qu’ils savaient désapprobatrice, ont préféré la transidentité : ainsi il n’était plus « anormal » d’être amoureux d’une fille si on était un garçon. Tout cela est très documenté.
Ce phénomène méritait donc une analyse bien plus approfondie que celle qui nous est livrée ici.
D’autant plus qu'il entraîne des traitements à vie, offensifs et préjudiciables à la santé, et des opérations chirurgicales définitives.
Cécile, le 08/09/2024
Cet article sur la transidentité est très intéressant sur ce ressenti de genre et la souffrance que cela peut engendrer. Il rejoint une situation que moi et certains amis rencontrons actuellement. J'ai discuté hier avec la responsable du Jardin de Cocagne qui gère la distribution des fruits et légumes, elle aussi s'interroge, non sur le changement de genre de "notre" Mélusine, mais sur la capacité du groupe à accueillir cette nouvelle bénévole. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, le changement de genre concerne bien évidemment et en toute priorité la personne elle-même, sa famille et son environnement immédiat. Mais son inclusion ensuite en société surtout pour des personnes l'ayant connue avant n'est pas simple. Il faut trouver les mots, surtout dans notre langue où le masculin et le féminin sont bien différenciés (à l'inverse de la langue anglaise), l'attitude juste, la bienveillance nécessaire... Connaissant notre groupe de bénévoles, ce n'est sans doute pas gagné !!
Marie-Reine Mezzarobba, le 9/09/2024
Pour contribuer à la réflexion concernant la transidentité, je souhaite faire des distinctions, souligner quelques points d’attention et poser quelques questions. Je reconnais que j’ai beaucoup de mal à ordonner mes propos, car des domaines de réflexion très différents entrent en interaction.
- Sexe et genre en premier lieu. Le sexe ne peut pas être changé.
[Pour revenir au reportage « Petite Fille » qu’évoque Richard Ziade, Sacha ne pourra jamais porter un bébé dans son ventre, quels que soient les traitements et les interventions chirurgicales qui seraient pratiquées sur son corps. Ce serait une imposture de lui laisser croire qu’il pourra réellement devenir une femme et porter un bébé comme il le désire en voyant sa mère enceinte. Il se transforme d’ailleurs, non en petite fille, mais en stéréotype Barbie-paillettes. Personne n’écoute cet enfant, objet du discours des idéologies des adultes. Il est intéressant de constater les divergences des spectateurs du film, les uns fondant de tendresse et d’émotion, les autres, à l’inverse, bouleversés d’être témoins de la manipulation d’un enfant par les adultes. Le diagnostic de la psychiatre clôt toute interrogation.]
- Il y avait jusqu’à présent un lien immédiat entre sexe et genre. Le sexe n’est pas « assigné à la naissance », c’est une réalité, une différence, qui est reconnue et nommée par ceux qui voient l’enfant à la naissance. On parlait alors indifféremment de sexe et de genre, masculin ou féminin. La langue utilise également les genres : féminin, masculin ou neutre dans certaines langues. En allemand par exemple, l’enfant se dit au genre neutre, la fillette aussi.
- Les études sur le genre ont un grand intérêt parce qu’elles ont mis en évidence des « stéréotypes de genre » qui sont culturels et peuvent évoluer mais n’ont pas de lien avec la réalité du corps. Pourquoi un garçon ne devrait-il pas pleurer ? Pourquoi une fille ne pourrait-elle pas être plombier ? Pourquoi les filles ne devaient elles pas porter de pantalon ou avoir accès à certains métiers ?….
En revanche, indépendamment de ces stéréotypes, un garçon et une fille, du fait de leur différence sexuelle, ne joueront pas de la même manière avec des petites voitures, des poupées, un ballon… et tout cela ne provient pas seulement de l’influence de leur entourage, de l’éducation. On ne peut pas, on ne doit pas, balayer la réalité corporelle de chacun (organe génitaux intérieurs ou extérieurs, hormones, modifications à l’adolescence…) Le garçon et la fille sont différents. La différence sexuelle est une réalité première qui ne peut pas être abolie et qui est au principe même de toute différence.
Dans notre société libérale, individualiste, dominée par la jalousie, la différence est quelque chose qui est insupportable. Il faut faire disparaître l’Autre. Le mot d’ordre est tous égaux = tous pareils, tous les mêmes, aucune différence n’a de sens.
Chacun est sommé de se construire lui-même et de réussir sa vie. L’idée de se recevoir d’un Autre, d’une vie donnée par un Autre et reçue devient très étrangère à la pensée contemporaine.
Reconnaissons combien il nous est difficile de nous accueillir nous-mêmes tels que nous sommes, que nous ne cessons de nous comparer aux autres qui sont plus ceci, moins cela… Alors, pour être heureux je devrais être autre, être l’autre : avoir son métier, sa fortune, son intelligence, sa force, sa possibilité de porter un enfant….
Devons-nous réellement nous fabriquer nous-mêmes, fabriquer désespérément la personne qui serait enfin « la bonne », qui n’aurait pas eu ces parents-là, ce handicap-là, ces traumatismes-là, ce sexe-là ? Devons-nous faire vivre l’idole que nous aurons fabriquée au lieu d’accueillir humblement notre réalité humaine, fragile, dépendante qui ne correspond jamais à l’idéal imaginaire et vivre de la rencontre avec autrui, qui nous accueille avec toute notre complexité et nos contradictions sans nous y enfermer ?
Ne sommes-nous pas, dans notre société si opulente, disposant de tant de capacités techniques, plus tentés encore que toutes les générations précédentes de nous prendre pour Dieu, ou pour le dire autrement de nous auto-engendrer ? Est-il encore possible de se reconnaître fils ou fille de …, dans une généalogie et une histoire qui ont leur poids et leurs joies, et dans lesquelles s’inscrit une liberté créative.
Il y a toujours eu des personnes qui étaient mal avec leur condition sexuée. Elles ont été victimes de rejet, de moqueries (certainement parce que le trouble de l’autre fait peur car il révèle le trouble en moi que je ne veux pas connaître, donc je m’en défends en l’accusant). Elles ont été très maltraitées, sanctionnées. Nous ne pouvons que nous réjouir de l’évolution actuelle qui nous invite, au moins théoriquement, à accueillir l’autre différent. Ce qui devrait signifier : l’accueillir avec bienveillance, tel qu’il est, sans le figer dans son identité imaginaire du moment, qu’elle soit glorieuse ou humiliée – l’accueillir dans son mystère : il n’a jamais fini de se révéler. Aucun de nous n’est « réellement » ce qu’il imagine être. Nous ne savons pas qui nous sommes.
Invitation (à accueillir l’autre différent) que j’ai qualifiée de théorique. Pourquoi ? Parce que tout un mouvement, qui touche en particulier le langage, tend à faire disparaître toute différence. Tout doit être semblable, équivalent. Certains cherchent comment parler sans utiliser de mots « genrés » : comment dire beau ou belle de manière non genrée ? Magnifique ou belleau ai-je entendu sur France Culture. Iel est entré dans le dictionnaire. Et apparaissent des livres pour enfants où l’on met en scène un petit garçon qui voudrait devenir une petite fille … la conclusion du livre est simple « on s’était trompé, on avait cru qu’il était un garçon ». Quand je lis cela je pense au livre d’Orwell, 1984 : à la fin du livre, le héros ne peut plus répondre à la question combien font 2 + 2. Mais dans ce monde-là les mots ont tous changés de sens : le ministère de la guerre est devenu le ministère de l’amour.
Il y a un mouvement militant très puissant qui accuse de transphobie toute personne qui interroge à propos de la transidentité. Il y a aussi beaucoup d’argent en jeu dans les traitements hormonaux et les opérations visant à changer de genre.
Une forte pression mentale est exercée sur les jeunes : une jeune femme de 24 ans me disait : « On va être obligés de s’interroger pour savoir si on est réellement fille ou garçon ».
Accueillir quelqu’un, c’est l’accueillir comme la merveille qu’il est, avec les souffrances et troubles qu’il porte. Ce n’est pas s’engager pour faire de ses troubles une nouvelle norme ou dire que ses troubles et ses souffrances n’ont aucune importance ou qu’il faut absolument les faire disparaître. Ce n’est pas mettre l’affirmation de saint Paul « Il n’a a plus ni homme ni femme » à la mode de l’imaginaire. Paul nous invite à la reconnaissance d’une égalité en tant que sujet de la parole, que l’on soit homme ou femme, croyant ou incroyant, patron ou femme de ménage. Il ne nous dit pas qu’on en a déjà fini avec ces différences dans notre monde. Accueillir l’autre comme Mystère à respecter, au sein de toutes ces différences factuelles qui ne sont pas notre identité, laquelle n’est signifiée que par notre nom qui n’est pas imaginairement représentable.
En ce qui concerne les enfants j’invite les lecteurs à découvrir l’Observatoire Petite Sirène, https://www.observatoirepetitesirene.org
Ou au moins le livre de Céline Masson et Caroline Éliacheff, La Fabrique de l’enfant transgenre. Un nouveau scandale sanitaire.
Nicodème (équipe animatrice), le 10/09/2024
En introduction à la rubrique « Question d’aujourd’hui », nous écrivions :
« La perte des évidences est souvent difficile à vivre par les chrétiens, tiraillés qu'ils sont entre les prescriptions de l'Église et les comportements de la société. (…) A ceci s'ajoute le fait que les cultures se rencontrent et des idéologies différentes se croisent, au sein d'une même société. La rencontre des morales ou des religions secoue les consciences. Les temps nouveaux posent une question éthique importante : comment faire société ? Comment vivre ensemble ? (…) La morale est en question ; le croyant, nous semble-t-il doit le reconnaître et partager la recherche des hommes de son temps. »
C’est dans cet esprit que nous avons désiré aborder les questions relatives à la transidentité, non pour apporter des réponses mais pour ouvrir un débat. En effet, des études très sérieuses ont été menées sur le genre depuis des dizaines d’années. On pense en particulier aux travaux de Judith Butler. La hiérarchie semble disqualifier l’ensemble de ces travaux, en condamnant ce qu’elle appelle la « théorie du genre ». Il nous a semblé bon de faire le point sur la loi française concernant les personnes transgenres, sur les avancées de la médecine et les recherches en sciences humaines. Ce qui est l’objet d’un premier article. En un second temps, nous avons désiré que cette étude se focalise sur la question de la transidentité chez les enfants et les adolescents parce qu’elle pose des problèmes particuliers. En effet, c'est au cours de l'enfance que la consolidation de genre survient et qu'avec la puberté se développent des marqueurs biologiques. Or - alors qu'un adulte est responsable de ses actes - ceux qui ne le sont pas encore vivent sous l'autorité de leurs parents ou d'adultes qui les entourent.
Nous avons demandé à Richard Ziadé d’éclairer cette question. En nous adressant à lui, nous savions que - par sa formation et sa profession - il a été exposé à ces situations. Nous le remercions pour son travail. Nous remercions également ceux qui ont ouvert le débat par leurs commentaires. Nous espérons qu’il pourra être repris et approfondi dans des lieux où chacun pourra exposer librement son propre point de vue et écouter celui des autres.