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Jean-Claude, le 16/2/2019
Bravo, Christine, de savoir si bien prier les réalités.
Je me rappelle très bien de la parution de cet article de François Roustang, en 1966. Je n’avais alors que 24 ans, mais je me souviens de l’écho qu’il avait eu en certains « secteurs » de l’Eglise de ce temps.
Je suis pleinement accordé à ce que vous dites.
Relisons l’Evangile de Jean 3, 30.
Bien de l’amitié.
J.P. JOUANY, le 16/2/2019
Bonjour,
Je viens de lire votre article, alors que je viens de finir de lire “Croire quand même » de Joseph MOINGT et que j’ai commencé de lire “L’esprit du Christianisme’ du même auteur.
Ce que je retiens de ces lectures associé à l’évolution de ma foi, c’est le poids de la religion et de ses rites par rapport à ce que nous apprend l’EVANGILE et les actes qui nous sont demandés.
Ce n’est pas à la hiérarchie de modifier la société, mais aux chrétiens de vivre cet évangile en partage et avec d’autres y compris des non chrétiens qui partagent ces mêmes valeurs (Liberté, égalité et fraternité)
Dans notre siècle tourné vers la marchandisation et la financiarisation de tout, il est possible de faire entendre des voix et découvrir des actions allant dans le sens de l’égalité en droits, de la liberté( qui bien comprise repose sur la le respect de l’autre) et encore plus de la fraternité qui elle ne se décrète pas mais doit se manifester par des actes.
Pour cela, je découvre peu à peu qu’il faut sortir du “moi“ pour aller vers les autres, partager et sans oublier totalement le passé et les racines des uns et des autres pour se tourner vers un avenir commun.
Cela non pas contre la hiérarchie de l’institution, mais en parallèle. Non pas en termes de pouvoirs, mais de fidélité à notre foi pour sortir d’une forme d’infantilisme mais dans une foi adulte qui accepte le doute et est capable de l’affronter.
Alors je pense que nous devons non pas rompre et nous éloigner de l’institution, mais au contraire être capable d’y débattre sereinement tant avec les clercs qu’avec les autres laïcs. Toujours revenir à l’évangile.
Et dans le même temps s’ouvrir au monde et aux difficultés qu’il traverse.
Oui, je crois que le Christianisme est plus une révolution qu’une religion.
Oui je crois fondamentalement que dans l’église du Christ la hiérarchie doit être descendante et non montante pour le peuple de Dieu.
Philippe (via Facebook), le 16/2/2019
Un immense merci pour ce partage qui fait bigrement réfléchir. Car aujourd'hui je suis au milieu du gué : J'ai déjà quasiment quitté l'Eglise-Institution, son cléricalisme, son magistère... mais j'ai aussi conscience que si je coupe définitivement le lien ce sera aussi l'Eglise porteuse de la parole du Christ qui en pâtira... Nous sommes nombreux dans cette même situation, dans les hauts cantons du diocèse...
Julien, le 19/2/2019
Tout d'abord un grand merci à Christine pour cet article aussi tonique que lucide, et qui nous rappelle sans cesse à l'exigence évangélique.
L'article, resté célèbre, de François Roustang, présentait une approche créative permettant de sortir d'une dichotomie un peu simpliste, par l'introduction du troisième terme. On pourrait d'ailleurs comparer, toutes choses égales par ailleurs, ce Troisième Homme à l'abstentionniste en politique. En effet, ce dernier se désintéresse-t-il vraiment de la chose politique, au sens premier des affaires de la Cité, ou bien plutôt au monde politique, celui de la "politique politicienne" ? Et l'abstentionniste peut aussi bien présenter une sensibilité de gauche que de droite, tout comme François Roustang insistait sur la diversité des sensibilités du Troisième Homme, progressiste comme conservateur.
Pour autant, face à la tempête que traverse aujourd'hui l'église catholique, je m'interroge sur le retour d'une vision binaire, qui prend cette fois la forme d'un clivage marqué - terme à la mode. En tout cas au sein de la production livresque ou par des manifestations comme celle contre le mariage de personnes du même sexe. Des ouvrages récents portent des projets radicalement opposés pour le catholicisme : certains prônent une sorte d'hibernation recroquevillée en attendant un moment messianique où tout s'effondrera pour réapparaître en sauveurs, ou au contraire plaident pour repartir sur les routes et s'ouvrir à nouveau au monde et à l'autre. En ce sens, le dernier ouvrage de Patrice de Plunkett : "Cathos ne devenons pas une secte !" (Salvator-2018), est particulièrement éclairant, surtout quand on connaît le parcours personnel de l'auteur. Si Marcel Gauchet parle de "religion de la sortie de la religion", Patrice de Plunkett le formule autrement en décrivant le christianisme comme la première religion faite aussi pour ceux qui n'en sont pas.
Je m'interroge également quand je vois comment de nombreux catholiques se sont mobilisés en masse contre le mariage homosexuel - sujet sur lequel je tiens à préciser que ma position est restée nuancée - tandis que règne un silence assourdissant chez les fidèles sur les révélations quotidiennes des abus sexuels dans l’Église. Comment peut-on prétendre dicter les "bonnes conduites" des mœurs avec de tels comportements sexuellement criminels en interne ? Pourquoi les catholiques ne vont pas manifester en masse devant les lieux du pouvoir ecclésial pour réclamer un grand ménage ? Pour crier contre cette souillure ?
Je m'interroge, donc, sur le risque réel ou potentiel d'aboutir à une Église totalement clivée, fracturée, divisée en deux parties irréconciliables.
Didier (via Facebook), le 19/2/2019
Merci pour ce partage. J'ai un cheminement personnel (comme beaucoup)qui est passé par les sages de l'Inde parce qu’ils proposent une expérience mystique, un travail sur soi, un cheminement ce qui est très différent de ne proposer qu'un crédo. Je suis revenu au christianisme, qui est mon terreau, avec la lecture et à l'écoute de Thomas Keating, Richard Rohr ou Cynthia Bourgeault. Ils offrent une autre ouverture sur le Christianisme avec ce qui est appelé la Prière silencieuse (Centering Prayer). Je pense qu'il y a là (entre autre) matière à espérer.
Alain Rohand, le 28/2/2019
Comme souvent, le texte de Christine est écrit avec beaucoup de pertinence.
Chaque point pourrait être longuement commenté, tant il aborde de questions essentielles.
Je n'en sélectionnerai donc que l'une ou l'autre.
— J'appartiens à ce « troisième homme » dont il est question. Je fus longtemps en rébellion parfois forte contre la religion catholique pour certaines des raisons reprises dans l'article. Je m'apaise progressivement vers une indifférence à ce sujet.
En revanche ma passion pour Jésus est intacte et ne cesse de s'approfondir par une descente « vers le bas », c'est-à-dire dans la profondeur du cœur et de l'âme humaine. J'essaye de faire la petite part que je peux
— La fraternité : cette démarche que je viens de mentionner n'est pas incompatible avec la fraternité, dès lors que l'on rejoint, hors de toute hiérarchie, celles et ceux que Jésus passionne. Pas besoin de structures hiérarchiques pour échanger. Ni d'une religion pour s'engager au nom des valeurs évangéliques. Il suffit d'en vivre, sans faire étalage prosélyte, lequel d'ailleurs serait contre-productif dans la société des années 2010/2020. C'est ce que j'espère très modestement de faire.
— « L'accès » aux Évangiles en dehors d'une religion.
Bon nombre de figures marquantes de la civilisation humaine n'ont pas eu besoin d'une religion pléthorique, hiérarchisé, mondialiste et hégémonique, pour perpétuer leur pensée. Platon, Aristote, Marc-Aurèle, Descartes, Hegel, Kant, Voltaire, et bien d'autres continuent de voir leur pensée diffusée par bien des canaux.
J'aurais même tendance à penser que Jésus redeviendrait très « tendance » en dehors de la religion chrétienne, tant décriée et abandonnée pour ses errements miltiples. Dès lors on jette l'enfant Jésus avec l'eau bénite des curés.
— Le message de Jésus est universel, grâce à la manière dont sont rédigés les Évangiles, il est accessible facilement. Aucune nécessité de « savants clercs » pour le comprendre. Les paraboles parlent au coeur par nature. Le partage sur des textes peut se faire à égalité. Mais si on institue un clivage par la connaissance intellectuelle, on crée inévitablement une hiérarchisation entre ceux qui savent (les clercs) et les supposés ignares. (les ouailles). [J'ai tellement connu cela …]
— Aimez-vous les uns les autres. C'est en effet le seul commandement. Mais en réalité c'est un appel aux « profondeurs naturelles » du fond de la personne humaine un appel à les rejoindre.
Là se situe la divinisation de l'homme, ouverte par Jésus, et accessible à tous. Ce qui demande une capacité d'apprendre à suivre sa conscience profonde en la choisissant comme maître de vie. On y parvient rarement par des pratiques cultuelles obligées par des clercs et sanctionnés par eux.… D'ailleurs le plus souvent on s'en éloigne. « Je suis obligé de passer une heure à la messe, (ce serait un péché !) mais sinon je la passerais bien au resto du cœur », dira le bigot.
La fraternité de Jésus se vit dans le cœur de beaucoup de personnes qui ne portent plus épinglés sur eux le « label chrétien », mais sont néanmoins fraternels.
Je comprends évidemment que l'on puisse avoir de la difficulté face à la disparition de ce à quoi on s'était attaché.
Et si finalement si ce n'était que la contemporanéité de ces paroles ? :
« Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse de Jean)
Accepter la radicalité de la nouveauté, c'est excessivement difficile pour chacun, parce que nous demeurons tous attachés à nos « anciens mondes ». Parfois viscéralement. Même si ce sont d'illusoires sécurités.
Et bien souvent je m'interroge : quels sont mes anciens mondes que je garde comme des boulets...
Bien amicalement
Bernadette, le 2/3/2019
La lecture est vraiment inspirante et je suis complètement en phase avec son auteure.... j'aime cette idée de fraternité universelle et plus j'avance, plus je me rends compte que ce qui nourrit vraiment et fait sens pour moi sont ces liens vécus avec tous, et la famille et le travail, là où on vit, et les rencontres, et St Merri, tous ceux qu'on croise dans nos engagements divers.
C'est cela pour moi vivre de l'Evangile et pas toute cette clique de hiérarchie qui entendent tout régenter... je suis assez partisanne aussi du Très bas de C. Bobin !
Michel, le 2/3/2019
C'est un plaisir que de lire cet article. J'aurais aimé pouvoir l'écrire je suis d'accord à 100 % avec ce qui est écrit.
Xavier L., le 4/3/2019
Bonjour
Je suis abonné depuis quelques temps à votre newsletter.
Aujourd'hui je viens de lire avec attention votre article "Subversion de la hiérarchie".
Après avoir passé quelques temps éloigné de l'Eglise, je suis devenu un recommençant en 2014 en faisant ma confirmation.
Je me suis investi dans ma paroisse et aujourd'hui, j'enseigne la catéchèse aux enfants de CM1.
Mais à la fin de l'année, je mets un terme à cette aventure car mon ressenti est que l'institution religieuse vide le christianisme de son sens, elle le parasite.
J'ai animé récemment un grand débat (suite au mouvement des gilets jaunes) et combien de paroissiens sont venus : aucun.
J'ai l'impression que les catholiques sont devenus un petit club fermé où on ne se mélange pas aux autres.
La lampe n'éclaire plus que le boisseau et le disciple missionnaire ne va guère plus loin que la porte de l'église.
Déçu, je préfère aujourd'hui m'investir dans la société civile et essayer de vivre le mieux possible l'enseignement du Christ.
Amicalement.
Marie-Camille, le 5/3/2019
Bonjour Christine,
Je voudrais réagir à ton formidable article intitulé "Subversion de la hiérarchie". Je suis entièrement d'accord avec tout ce que tu y dis et rejoins complètement l'analyse qu'en fait Alain Rohand. Je vis cette situation de "troisième femme (!)" tous les jours, et suis heureuse de voir confirmé que je ne suis pas seule.
Merci beaucoup et bien amicalement.