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Jean-Luc
Il est important d'aborder cette question du handicap; on a trop tendance aujourd'hui à oublier cette dimension de notre
condition humaine. La société ne donne guère à voir que des hommes et des femmes en pleine forme physique (cf. la publicité).
Lorsque la souffrance touche chacun d'entre nous, on est démuni. Il ne suffit pas de constater qu'il y a d'un côté les bien portants
et de l'autre les handicapés. Il convient de prendre conscience que chaque individu est limité dans ses possibilités et que nul
n'échappera à la maladie, au vieillissement et à la mort. Peut-être devriez-vous nous fournir davantage la possibilité d'aborder
cette question de la souffrance trop occultée aujourd'hui.
Christine
J'ai lu récemment le livre d'entretiens entre Julia Kristeva et Jean Vanier "Leur regard perce nos ombres" (Fayard 2011).
Julia Kristeva écrit :
" Les personnes handicapées qui ont eu la chance d'être accueillies comme des êtres à part entière partagent mieux que quiconque
cette 'capacité d'être seul' en quoi me paraît résider le sagesse de l'humanitée sécularisée. Ceux qui ne sont pas handicapés auraient intérêt à partager cette expérience, à l'intégrer
dans leur propre parcours vital de valides.(...)
Cette étrangeté partageable par-delà la souffrance me semble la marque ultime de la fierté humaine: la solitude d'une humanité fière de se lier aux autres avec et par-delà cet irréductible noyau qu'est et que sera
son irréparable déficience."
Merci à Célia Daniellou-Molinié de nous faire entrevoir ce lieu.