Agissons-nous sagement ?
Les vierges sages
Dix jeunes filles invitées à des noces prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insensées,
et cinq étaient prévoyantes… Les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve.
Elles avaient prévu, elles avaient fait des réserves d’huile et c’était sage. Mais elles n’avaient guère le sens du partage
ces cinq vierges, dont Jésus vante le comportement. Lorsqu’on possède une quelconque richesse et que les autres en sont démunis,
l’Evangile nous habitue à penser qu’il est bon de partager avec ceux qui manquent.
Cependant, Jésus fait l’éloge de ces cinq jeunes filles. Elles sont sages, aux dires de l’Evangile. Et elles
le sont en vérité, car elles ont de l’huile en réserve pour parcourir le chemin – de nuit – entre le lieu où elles se trouvent
et la salle de noces ; mais, si elles partagent, il ne leur restera que la moitié de leur réserve et elles n’auront plus de
quoi éclairer le chemin de l’époux jusqu’à la salle du banquet. «Nous n’avons pas assez d’huile pour vous et pour nous.»
En partageant avec les vierges folles elles n’auraient, toutes ensemble, pas assez d’huile pour faire tout le chemin.
Elles prévoient qu’en partageant elles seraient toutes, à mi-chemin, plongées dans la nuit. Jésus vante la sagesse de ces femmes
qui prévoient qu’en partageant, sous couvert de générosité, elles plongeraient l’époux avec elles dans la nuit.
Les vierges folles
Dix jeunes filles invitées à des noces prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient
insensées, et cinq étaient prévoyantes… Les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile.
Elles avaient oublié de faire des réserves d’huile et c’était un peu fou. Mais de là à leur refuser l’entrée de la salle d
u banquet alors qu’en pleine nuit elles vont chercher de l’huile et finissent par en trouver! «Seigneur, Seigneur, ouvre-nous», disent les vierges folles
et l’époux répond: «Amen, je vous le dis, je ne vous connais pas!» L’intransigeance de l’époux est déroutante!
Cependant Jésus déclare que ces vierges folles méritent un tel traitement. Elles sont insensées, dit Jésus. Et elles le sont,
en vérité. Mais ce qui est insensé dans leur comportement ce n’est peut-être pas tant d’avoir oublié l’huile. Elles sont insensées,
ces cinq jeunes filles, qui attendent l’époux toute une partie de la nuit et qui, lorsqu’on annonce son arrivée, s’en vont. Au lieu
de penser à la joie de rencontrer l’époux elles s’attardent à ce qui leur manque : elles manquent d’huile ! Mais l’époux leur en
aurait-il fait grief ? Après tout, les cinq autres suffisaient pour éclairer tout le chemin ! Elles auraient pu, tout à la joie
de rencontrer l’époux, lâcher leurs pauvres lampes devenues inutiles. Elles auraient pu paraître devant l’époux les mains vides et
le cœur plein de joie de la rencontre. Elles auraient pu, ayant lâché leur lampe, avoir les mains libres pour se tendre vers l’époux.
Et elles choisissent de plonger dans la nuit pour trouver une huile totalement inutile ! Elles sont insensées d’agir ainsi.
Elles sont insensées de s’éloigner de celui qu’elles attendent sous prétexte qu’elles n’ont pas de quoi l’éclairer.
Agissons toujours sagement !
« Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas », répond l’époux lorsqu’enfin elles arrivent vers lui.
Il ne connaît pas celles qui n’ont pas connu, reconnu, que ce manque d’huile était sans importance pour l’époux. Comment, déclare
l’époux, avez-vous pu penser que j’avais besoin de votre huile, que j’avais besoin de vos œuvres? J’avais besoin de votre présence,
de votre accueil et vous êtes parties ! Vous ne me connaissez pas, vous qui à l’heure où vous manquez, choisissez de vous éloigner
de moi et plongez dans la nuit. Vous ne me connaissez pas, vous qui ne venez pas vers moi les mains vides! Je n’ai pas besoin
de vos œuvres. J’ai besoin de votre présence et vous ne l’avez pas compris!
Veillez donc, dit Jésus, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Veillez donc à ne pas agir sottement.
Si vous avez de l’huile en réserve, avant de partager avec ceux qui en manquent, demandez-vous si vous en avez
suffisamment pour vous-mêmes. Ayez la sagesse de ne pas donner plus que ce que vous pouvez. Mais veillez aussi,
si vous manquez d’huile, à ne pas avoir la folie de vous en affliger au point d’oublier que ce qui m’importe
est votre présence sur le chemin à mes côtés. Lorsque vous manquez, au lieu de vous enfuir, lâchez ce qui vous reste…
Lâchez vos lampes à huile et venez à moi les mains vides. Réjouissez-vous aux heures où vous aurez des réserves comme aux
jours où vous en manquerez. Réjouissez-vous à chaque instant!
Christine Fontaine