Alexis, 18 ans
J'ai eu 18 ans cette année. Je sais que je devrais m'inscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre pour pouvoir voter en 2014.
J'ai décidé de ne pas le faire parce que la politique, ça ne sert à rien. De toutes façons, la droite, la gauche, le centre c'est pareil.
Rien ne change : ils font tous la même politique. En plus, à la télévision les chefs n'arrêtent pas de s'envoyer des injures à la figure.
Ils cherchent tous la petite phrase de l'adversaire pour le faire tomber. La gauche - quand elle n'était pas au pouvoir - disait que la
droite menait le pays à la ruine. Maintenant c'est la droite qui dit cela de la gauche. Qui a tort qui a raison ? Comment savoir ?
Alors à quoi bon voter ?
Fabrice et Christine Robert
Bonjour,
Il est toujours plus facile quand on se trouve devant une situation que l’on a du mal à maitriser, de dire que l’on ne peut rien faire, que ça ne sert à rien…
QUOIQUE…
A travers les siècles, des hommes et des femmes se sont battus, ont même parfois risqué ou donné leur vie pour obtenir ce droit de vote. Tu as la chance
de vivre dans un pays où à partir de 18 ans, tu peux t’exprimer.
Toute voix, tout bulletin de vote a un pouvoir sur le cours des choses, le cours de la vie, même si tu penses que ton avis sera noyé dans la masse.
Il est sûr que Droite, Gauche, Centre, Extrêmes, proposent des directions qui souvent ne nous semblent pas claires et pas parfaites. En politique,
comme partout, les problèmes sont toujours de la faute de l’autre. Je suis d’accord que ce n’est pas comme cela que l’on peut résoudre les difficultés.
Même si tu ne sais pas à quoi, ni à qui correspondent parfaitement les souhaits et propositions, tu as sûrement un avis sur ce que tu ne veux absolument
pas, sur des idées qui ne te correspondent pas. Alors ton vote par élimination est important.
Ta voix compte, et c’est un devoir citoyen que tu dois accomplir pour le bien de tous, maintenant que tu as 18 ans, donc l’âge de donner ton avis sur
la gestion de notre société, de l’Europe, de ta région, de ton département, de ta commune.
Ne pas voter c’est laisser décider les autres à ta place.
Michel Poirier
Je souscris à ce qu'ont écrit Fabrice et Christine, et j'ajoute ceci :
L'une des raisons pour lesquelles nos députés et nos gouvernants donnent l'impression de faire tous à peu près la même chose (il y a tout de même de vraies
différences !), c'est qu'ils agissent à l'intérieur de certaines contraintes : la concurrence économique internationale, si violente, les règles
européennes, etc. Or il y aura en2014 des élections au Parlement européen, dont le pouvoir est maintenant accru, les chefs politiques et les fonctionnaires
de Bruxelles ne peuvent plus agir contre l'avis de ce Parlement, et comme il est élu à la proportionnelle, tous ceux qui voteront seront représentés.
Ce serait dommage de ne pouvoir donner son avis, quand nous dépendons tant de ce qui se décide au niveau européen.
Il y aura aussi en 2014 des élections municipales. On peut se sentir dépassé ou scandalisé par le jeu politique national, mais on a un avis sur ce qui se fait,
ou ne se fait pas, dans sa ville ou son quartier. C'est l'occasion de le dire, et de peser par son vote, dont l'effet est là plus direct.
Mais pour cela il faut être inscrit.
Jean-Michel Cadiot
La politique, c'est extrêmement important, car les décisions prises par les hommes et les femmes que nous élisons influencent notre vie quotidienne : école,
travail, santé, logement. Elles concernent aussi les questions internationales, la guerre, la paix. Bien sûr, il y a bien d'autres champs d'action que la politique,
fort heureusement. Et les relations humaines, pour l'essentiel en tout cas, lui échappent ! Et puis, beaucoup, sans doute la plupart des gens si l'on croit
les sondages, ne croient plus à la politique, moins encore "aux politiques". C'est très injuste. Il y a en France près de 500.000 personnes engagées en
politique, la plupart conseillers municipaux, s'occupant des tâches quotidiennes au service des habitants, prenant sur leur temps, dépensant leur énergie
dans l'intérêt général, sans aucun avantage matériel. Qu'il y ait, tout en haut de l'échelle, des personnes, ministres, députés ou sénateurs, peu scrupuleux,
qui profitent des avantages de leurs fonctions, c'est intolérable mais sache que c'est ultraminoritaire.
Ce qui explique ce désamour, c'est aussi le fait que
les politiques dites "de gauche", et dites "de droite" qui se sont succèdé, alternativement, au pouvoir depuis des décennies n'ont pas du tout réglé
les problèmes, notamment les problèmes sociaux. Injustices et inégalités perdurent. C'est comme si droite et gauche faisaient la même chose, avec les mêmes
promesses et la même impuissance. Pourtant, si tu te sens de gauche, c'est-à-dire plaçant la justice et le progrès au-dessus du reste, ou de droite, privilégiant
l'ordre, la sécurité et le respect des traditions, ou bien du centre qui, en France, s'inspire beaucoup du christianisme social, je te donne un conseil :
vote, surtout vote, surmontant tes déceptions. L'antiparlementarisme ambiant, ou cette façon de dire "tous pourris" me font penser à ce que clamaient
les émeutiers de février 1934 qui, au fond, rejetaient la démocratie. Eux ne s'en cachaient pas.
Aujourd'hui, un mouvement d'extrême-droite qui vient
en ligne directe de ces groupes qui ont accompagné les pires horreurs, se nourrit justement de cette amertume, de cette colère devant les échecs de
nos gouvernants. Il risque de faire un gros score aux municipales et, sinon de gagner de grandes villes, d'avoir, pour la première fois, de nombreux
élus. Mais nous savons que son remède est pire que le mal. Rejeter l'immigration, comme le demande le Front national, - les étrangers sont toujours
les bouc-émissaires de l'extrême-droite - , ou bien quitter l'Union européenne qui a tous les défauts du monde - elle est beaucoup trop capitaliste -
mais apporte la paix et la solidarité aux Européens et inspire de très nombreux peuples dans le monde, ce sont tout simplement des folies.
Le danger, c'est de plus en plus cette montée de l'extrême-droite, qui est d'essence nationaliste et non patriotique, c'est complètement différent, et c'est
à mon sens une exigence pour un chrétien de faire bloc contre elle. C'est je crois un des sens du voyage du pape François à Lampedusa, en Italie,
où affluent au péril de leurs vies des milliers d'immigrés. Un chrétien, par définition j'ai envie de dire, ne peut accepter l'exclusion, le rejet
de l'étranger. Cette extrême-droite, qui n'a pas changé malgré ses discours doucereux, profite du vide politique, se ravit de la montée du chômage,
des fermetures d'usine, de l'insécurité, présentant tout, mensongèrement comme la conséquence de l'immigration - quelle idiotie !! - et de l'Europe.
Ces mensonges, cette propagande, blessent les consciences. La plupart des gens qui votent FN se disent non racistes, et je les crois sincères ; ils pensent
que droite et gauche ayant failli, il faut "essayer" l'extrême-droite, presque par désespoir. Comme si elle n'avait pas été déjà "essayée" !! La dernière
fois, des gens de ta famille s'en souviennent certainement, c'était en 1940.
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