1- Parcours des textes
L’objectif de cette rencontre devrait faire apparaître que ce monde où se déroulent nos existences mortelles est rencontré par ce que nous appelons l’Au-delà.
L’Incarnation révèle que « le dehors du monde est dans le monde ». A travers violences, lutte pour écraser les plus faibles, résistances ou résignation de la
société face aux forces de mort, circulent les forces de l’amour que Jésus a manifestées. La vie du chrétien est-elle dans l’attente d’un Au-delà consolateur
ou dans la reconnaissance du Royaume de Dieu inséparable de l’histoire humaine ?
Le responsable de la séance n’aura pas de mal à dégager la question en exposant les corrélations proposées.
- Le vêtement : Le croisement entre d’une part le vêtement de Jean-Baptiste (« une peau de chameau ») et le luxe de la robe blanche au tombeau suggère
deux univers incompatibles. L’habillement de Jésus, à la Transfiguration, est décrit à partir de techniques humaines (« foulon ») pour évoquer un au-delà
de l’humain accessible au regard des disciples. Deux univers se rencontrent.
- La voix : Par qui est-elle prononcée cette phrase, à la Transfiguration ? (« Une voix partit de la nuée : Celui-ci est mon Fils bien aimé ; écoutez-le ! »)
Au départ, elle est attribuée au Père des cieux. Au terme, elle sort des lèvres d’un étranger, un centurion, au cœur du drame : « Vraiment cet homme était Fils
de Dieu. » Le message de Dieu ne tombe plus du ciel ; il est à déceler là où on ne l’attend pas.
- Le temps : Il est celui que marquent les calendriers et les horloges, que scandent les fêtes et les semaines. Il est celui que marquent les astres. Mais
il est aussi celui qui traverse l’histoire comme la promesse d’un nouveau monde : « Il vous précède en Galilée. »
On peut lire le texte où sont dégagées ces corrélations
« Société et Royaume.pdf »
2- L’échange entre les participants
Quel que soit le sujet choisi (vêtement, voix ou temps), on devrait pouvoir en venir à se poser ces questions :
- Les chrétiens partagent les mêmes événements que leurs contemporains. Ils ont en commun les mêmes peurs et les mêmes espoirs. En quoi l’adhésion à
l’Evangile les distingue-t-il ?
- L’Eglise a pour mission de manifester le Royaume au cœur de l’histoire. Qu’attend-on d’elle concrètement ? Rend-elle perceptible la présence de Jésus par
son Esprit ? Sait-elle comprendre les questions nouvelles que se pose la société ?
- La liturgie est sans doute, dans le temps, le moment où doit s’affirmer la rencontre de l’ici-bas et de l’Au-delà. Pain et vin disent la faim et la soif
de l’homme en même temps que le don de Dieu. Que penser de certaines initiatives liturgiques contemporaines ?
- Le chrétien d’Europe vit dans un univers pluraliste. La parole de Dieu, à en croire les réactions du Centurion, lui parvient peut-être par d’autres que
par des chrétiens. Comment discerner ? Comment vivre à l’écoute de Dieu ?
3- Conclusion
Après un temps de silence, comme les autres fois, au cours duquel chacun peut trouver une formule à prononcer ou diffuser, on peut lire le texte suivant :
En somme, c’est au cours d’une histoire meurtrière que nous nous rencontrons les uns les autres et que nous naissons à nous aimer. Du coup, pour nous, qui sommes
engagés dans un tel combat, l’humain nous apparaît comme une profondeur ou une hauteur, comme on voudra, toujours insondable. Dans cet abîme peuvent être suspendues
des rencontres entre nous dont il n’est pas certain d’avance si elles seront de haine ou d’amour. A supposer qu’elles soient d’amour, nous ne savons jamais ce que
cet amour a vaincu de son adversaire, s’il n’en porte pas en lui, dans les blessures qu’il a reçues, quelque germe encore vivace.
Telle est la situation de l’humanité dans l’humain. Situation dramatique, certes, puisque sans cesse il faut agir et que l’enjeu est grave. Cette situation
ne tournerait au tragique que si, du dedans même de l’humain – car nul n’en peut sortir – ne s’élevait l’heureuse annonce – l’évangile – qu’en dépit de tous
les démentis, l’amour est vainqueur, la rencontre est rencontre d’amour.
Guy Lafon
« Comment je crois »
Suite : Quatrième séance "Le point impossible"