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3ème dimanche de l'Avent
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Mt 11, 2-11
Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples :
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu'êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?...
Alors, qu'êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Qu'êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu'un prophète.
C'est de lui qu'il est écrit : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi.
Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.
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Points de vue
Michel Jondot
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Es-tu Celui qui doit venir ?
Michel Jondot
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Bienheureuse assurance!
Christine Fontaine
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Point de vue
Le regard de Jean Baptiste
Les points de vue évoluent sur la vie ou sur les personnes au fur-et-à-mesure qu’on avance en âge. Après une maladie, on regarde la vie d’une façon nouvelle. Arrivés à l’âge adulte on ne considère plus ses parents comme lorsqu’on était enfant. On change de regard sur ses amis après qu’on a fait l’expérience de leur ingratitude ou de leur fidélité.
Au milieu de l’histoire évangélique, le texte nous fait assister à un changement de point de vue autour de Jésus. Jean-Baptiste, lorsqu’il était au désert et ouvrait les portes de l’avenir avait vu le Nazaréen rejoindre les foules qui se pressaient sur les bords du Jourdain pour être baptisées. Il avait reconnu celui qu’il annonçait : l’envoyé de Dieu dont « il n’était pas digne de dénouer les courroies des sandales ». Il avait entendu la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils en qui j’ai mis ma confiance ! » Le lendemain, il disait en le voyant : « Voici l’Agneau de Dieu ! »
Comme dit la chanson : « Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté. » D’avoir dénoncé le comportement des grands, le Baptiste s’était retrouvé en prison en attendant d’être décapité. Il entendait parler de Celui en qui il avait prétendu reconnaître le Messie et il s’apprêtait à modifier ses convictions. Pour en avoir le cœur net, il réussit à contacter des amis pour aller poser la question : « Es-tu Celui que nous attendons ou devons-nous en attendre un autre ? »
Le regard de Jésus
Symétriquement à celui de Jean, Jésus invite ceux qui l’entourent à modifier leur regard sur le Baptiste. On avait de la considération pour ce dernier ; on peut dire, par manière de litote, qu’on ne le prenait pas « pour un roseau agité par le vent », Jésus le reconnaît. Il précise même qu’il est un Prophète, le plus grand qui soit. Mais il invite à changer de regard sur toute grandeur humaine, aussi noble soit-elle. Il est une manière de voir où s’effondrent les évidences, où le plus grand est le plus petit. A un certain niveau on peut avoir une extrême considération pour Jean-Baptiste. A un autre niveau auquel Jésus s’efforce de hausser ses disciples, celui qui est le plus petit l’emporte sur celui qui est le plus respecté, même s’il s’agit d’un prophète ! « Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean-Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »
Le Royaume des cieux
Qu’est-ce que ce Royaume des cieux ? Comment y accéder ? Telle est bien la question qui est posée en cette période de Noël. Nous ne pourrons y avoir de réponse que si nous sommes disposés à changer nos manières de voir dans la société et dans le monde d’aujourd’hui. Jésus précise aux disciples de Jean de quoi il s’agit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
La Bonne Nouvelle c’est que les plus pauvres ont plus de dignité que quiconque dans la société. Est-ce du masochisme ? Le penser, c’est mal entendre les paroles de Jésus. La conclusion de son énumération, résument sa volonté : « Les morts ressuscitent. » Entrer dans le Royaume c’est lutter pour faire reculer la mort. Les handicapés, sourds, aveugles, boiteux sont plus grands que les responsables d’un pays parce que leur présence dans une société est un appel au secours, un appel à sortir de ce qui, dans l’existence, est une forme de mort, un appel à vivre. Dans cet appel, le désir de Dieu, la source de la vie se fait entendre. Dans cet appel, le croyant discerne l’attente du Royaume.
A Bethléem, l’enfant qui naît est héritier de David, le Messie promis, celui qui doit instaurer le Royaume voulu par Dieu. A Bethléem, le Royaume est en germe et ce germe, comme le blé jeté en terre, demeure enfoui dans notre existence personnelle et dans celle de notre temps. « On l’appelle Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. »
Changer de regard
Nous sommes, dans notre pays, en un temps où les candidats au pouvoir prétendent avoir sur les difficultés de la société un regard lucide. En les écoutant on se dit parfois qu’on souhaiterait que, comme Jean-Baptiste, ils s’interrogent davantage sur leurs points-de-vue. Il est rare qu’ils se fassent l’écho de tous ceux qu’il faut entendre et de ceux qu’il convient d’écouter en priorité. Leurs discours sont, en réalité, l’écho d’une société où peu nombreux sont ceux qui, par exemple, sauront reconnaître la dignité des petits voyous de banlieue. Ceux-ci ont souvent tort, c’est certain, mais, par-delà leurs délits, au fond de chacun réside ce que d’aucuns ont appelé « un point vierge » où ils sont rejoints par le désir et l’amour que Dieu leur porte. Il faut peut-être faire confiance à ceux qui promettent la construction de prisons mais à la condition de se rappeler que chacun de ceux qu’on y incarcérera est comme un cri poussé par Jésus lui-même. Il nous dira un jour : « J’étais en prison et vous ne m’avez pas visité. »
L’Emmanuel qu’on fête à Noël est parmi nous. Changeons beaucoup de nos points-de-vue si nous voulons le reconnaître.
Michel jondot
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Es-tu Celui qui doit venir ?
Le mystère de la parole
« Au commencement était le Verbe ;
Et le Verbe s’est fait chair. Il a habité parmi nous.
Le temps de l’Avent nous prépare à réentendre ces premiers mots de l’Evangile de Jean. L’Eglise les proclame dans la célébration du jour de Noël. La liturgie veille à imprégner la conscience chrétienne de cette conviction que nous chantons chaque dimanche.
Le temps de l’Avent permet à l’Esprit de nous entraîner, d’année en année, dans le mystère de la Parole qui donne à la foi chrétienne son originalité.
La silhouette de Jean-Baptiste nous est jetée au visage, ce dimanche, pour nous y préparer : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un prophète ? Oui ! je vous le dis, et bien plus qu’un prophète ! »
Un Prophète ? Un homme dont les lèvres prononcent les mots qui font jaillir la foi et l’avenir. « Au commencement était le Verbe ». « Dieu dit… » : ce sont ;, en effet, les premiers mots de la Bible tout entière ; ils surgissent dans le néant et le chaos, portés par l’Esprit qui souffle sur les eaux. La parole surgit et tout commence, dans la lumière. « Que la lumière soit ! …Ce fut le premier jour ! ».
Le premier jour, c’est aussi le jour où le Verbe prend chair en Jésus à Bethléem.
Le premier jour, bien sûr, dans la cohérence chrétienne, désigne celui de la Résurrection ; le temps commence encore. La dernière étoile du sabbat s’écarte pour laisser place à l’aurore, au jour de Pâques ; c’est le premier jour et l’avènement d’un monde neuf; l’avenir est ouvert.
Tendre l’oreille
Le premier jour se déplace ; c’est celui que nous sommes en train de vivre.
Chacun d’entre nous est invité à se tourner du côté du mystère, du côté où la parole surgit encore, cherchant sans cesse à prendre chair. La parole vient. Où est-elle ?
La parole est passée sur les lèvres du Baptiste, au désert. Les foules se sont déplacées pour l’entendre. La scène de ce jour est assez remarquable. Jean lui-même ne sait plus où ça parle. Autrefois on se déplaçait vers lui et les foules, à son contact, voyaient s’ouvrir l’avenir. Désormais, tout est bouché. Le voici derrière les grilles de sa prison, sans savoir de quoi l’avenir sera fait.
L’Esprit le pousse encore. Il le pousse non pour qu’il parle. L’Esprit pousse Jean-Baptiste pour qu’il tende l’oreille et oriente son désir. La parole a pris chair : il le sait, il le croit. Jésus est-il la parole vivante que Dieu attend ? Comment savoir ? Il enquête et il cherche. « Es-tu celui qui doit venir ? Es-tu le Verbe qui prend chair ? » Depuis sa prison il trouve le moyen de contacter ses disciples, de les envoyer non pour prêcher, mais pour interroger.
« Au commencement était le Verbe. Et le Verbe s’est fait chair. Il a habité parmi nous ». Mot à mot : « il a planté sa tente parmi nous». Certes, le Fils de Marie est remonté aux cieux mais Il demeure dans notre histoire. Où donc ? L’Avent réveille en nous cette interrogation.
A travers les pires turbulences de l’actualité, l’Evangile est là pour réveiller notre désir, notre recherche, celle des mages à la naissance (« où est le Roi des Juifs ? » ; celle des femmes à la résurrection devant le tombeau vide : « où est-il ? » ; celle du baptiste au terme de sa vie de prophète : « es-tu celui qui doit venir ? »
Voir s’approcher Noël consiste à réveiller en même temps la conviction et l’interrogation : « il est parmi nous » ; « où donc est-il ? »
Là où la vie est menacée
Attention ! Ne répondons pas trop vite ; soyons prudents. La tentation est grande de confondre ce que nous trouvons et ce que nous désirons. Combien sont-ils, dans l’histoire de l’Eglise, ceux et celles qui se seront laissés prendre au piège, confondant leur désir de conquête et leur quête de Dieu. Dieu donne en Jésus sa propre parole. Mais Il se donne à attendre. Que l’Esprit ouvre nos cœurs et ravive notre désir !
Jean-Baptiste envoya ses disciples demander : « Es tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ». Jésus répondit : « allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez ; les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ».
Le Verbe est parmi nous ; on ne peut le tenir. La parole circule et se déplace. Elle va là où la vie est menacée. Elle se reconnaît dans nos pauvres misères. Les nôtres, bien sûr ! Chacun de nous traîne sa part de pauvreté. Elle se reconnaît dans les gémissements de l’humanité tout entière. Prêtons l’oreille ! Dieu s’incarne partout où dans l’humanité on appelle la vie.
Michel Jondot
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Bienheureuse assurance!
La Certitude
Il est malade, il a le teint gris et le dos voûté. Tous ses proches s'en rendent compte. Il est le seul à se trouver
en bonne santé. On a beau lui dire qu'il ne va pas bien, il ne veut rien entendre.
Il ne peut rien entendre : il s'est mis dans la tête qu'il allait bien.
Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent et la Bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.
Il est malade mais il a la certitude d'être en bonne santé. Cette évidence à laquelle il se tient, le retient de se soigner.
Il n'écoute que lui et n'entend rien. Il n'écoute que lui et il se voûte, boite et s'affaiblit. Il n'écoute que lui !
Il est enfermé en lui-même plus sûrement que dans une prison. Il est malade dans son âme et dans son esprit, il est malade dans son corps.
Il ne fait confiance en personne. Cet homme est malade de certitude.
L'incertitude
Jean, dans sa prison, est au terme de sa vie. Et il n'a plus aucune certitude. Il est ce messager envoyé en
avant de Jésus-Christ pour qu'il prépare le chemin devant lui. Il a consacré sa vie à préparer le chemin.
Voici, qu'à cette heure, Jean ne sait plus : il envoie demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jean, sans sa prison, est totalement ébranlé. Il ne voit plus, il n'entend plus, il ne sait plus.
Jean est dans la nuit la plus totale, mais cet ébranlement de toutes certitudes, au lieu de l'enfermer sur lui-même,
le pousse à écouter l'autre, à écouter Jésus.
Il est en prison. Il n'a aucun moyen de sortir de là. Et cependant, il trouve le moyen de rejoindre Jésus.
Il envoie se disciples demander à Jésus.
L'incertitude de Jean le pousse à trouver le chemin pour que la parole de Jésus le rejoigne jusque dans sa prison.
Et Jésus répond à la demande de Jean.
« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent,
les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
Jésus, par sa réponse, redonne toute assurance à Jean. Jésus, en citant le prophète Isaïe, déclare que
la prophétie s'accomplit. Il est bien celui que les prophètes ont annoncé. Il est bien celui que Jean-Baptiste attendait.
Il est celui à qui Jean a ouvert le passage.
Jean, dans sa prison, est au terme de sa vie. Il est passé par une incertitude totale,
une nuit obscure, et il a reçu l'assurance qu'il cherchait.
Jean, au terme de sa vie, reconnaît qu'il n'a pas vécu pour rien. Il reconnaît celui dont il a préparé la venue.
L'assurance
« La bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi. »
La Bonne nouvelle est annoncée pour sortir l'humanité de toutes ses certitudes, de ses évidences, de ses systèmes bornés, de ses prisons.
La Bonne nouvelle ébranle toute certitude. Elle rend pauvre. Elle fait de nous des pauvres afin de pouvoir nous enrichir, nous ouvrir à une vie qui nous dépasse.
Celui qui ne veut pas se laisser ébranler, celui qui, devant Jésus, n'accepte pas de tout lâcher, celui-là tombe à cause de Jésus-Christ.
Mais heureux celui qui accepte de passer comme Jean par des heures de nuit obscure.
Heureux celui qui accepte de traverser l'incertitude, l'ébranlement, la pauvreté, le dénuement.
Heureux celui qui accepte de mourir à lui-même pour recevoir Dieu qui le dépasse.
Heureux celui qui, passant par l'obscurité à la suite de Jésus, accepte de plus rien voir, de ne plus rien entendre, de marcher en boitant et de découvrir sa propre lèpre.
Heureux celui qui découvre qu'il est aveugle et sourd, malade et boiteux.
Car c'est à lui qu'est annoncée la Bonne Nouvelle. Celui-là recevra une vision nouvelle, une parole nouvelle, une vie nouvelle, une Bonne Nouvelle !
Celui-là ressuscitera ! Il trouvera toute assurance en Dieu seul !
Christine Fontaine
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